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Vrai ou faux : comment l’entre-soi du milieu de l’art favorise tromperie et contrefaçons / Art Critique (FR)

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Photo site : Art Critique 
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Vrai ou faux : comment l’entre-soi du milieu de l’art favorise tromperie et contrefaçons

 

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Prise de court par la volée de bois vert qu’a suscitée la désastreuse interview du prince Andrew à la BBC, la famille royale britannique tente tant bien que mal d’éteindre les feux qui entourent le prince assiégé. Celui-ci a dû consentir à une apparition télévisée visant à mettre un terme à la polémique entourant sa relation avec le financier Jeffrey Epstein. Las, il n’aura réussi qu’à l’attiser davantage. Après qu’une foule d’universités et d’organismes de bienfaisance se sont éloignés de lui, le duc d’York a finalement été forcé d’annoncer qu’il se retirait de ses fonctions royales jusqu’à nouvel ordre. Andrew n’est toutefois pas le seul membre de la famille royale à avoir été inquiété récemment. Ainsi de son frère Charles, premier dans l’ordre de succession au trône, qui s’est pris les pieds dans le tapis d’un scandale massif de contrefaçon d’œuvres d’art. En novembre dernier, plusieurs peintures exposées au Dumfries House, le siège du Prince of Wales’s Charitable Fund, ont été retirées en raison de préoccupations concernant leur authenticité. Alors qu’elles étaient considérées comme des originaux d’artistes tels que Monet, Picasso et Dalí, la provenance de ces oeuvres a été remise en question lorsque Tony Tetro, célèbre faussaire d’art américain repenti, en a revendiqué la paternité.

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Famille royale aux abois

Éclipsée par la décision calamiteuse du prince Andrew de « raconter sa version de l’histoire », les déboires du prince Charles n’ont toutefois pas manqué d’attirer l’œil des professionnels de l’art. La Fondation du prince, sise dans sa demeure seigneuriale de Dumfries dans les Low Lands écossais, a été contrainte d’admettre que plusieurs tableaux avaient été enlevés et rendus à leur propriétaire en raison de doutes quant à leur légitimité. Au centre du scandale se trouvent trois tableaux qui, sur le papier, auraient été peints par Monet, Picasso et Dalí. Ces œuvres, qui font partie d’un prêt de 10 ans consenti à Dumfries House par l’ancien milliardaire James Stunt, récemment mis en faillite, auraient été assurées pour un montant cumulé de 104 millions de livres. Cependant, le faussaire virtuose Tony Tetro a affirmé que Stunt lui avait demandé de créer des reproductions pour sa propre collection personnelle. Stunt, l’ex-mari de l’héritière de Formule 1 Petra Ecclestone, réfute ces affirmations en affirmant : « aucune de mes affaires n’est fausse ».

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Renvoi de balles

Depuis ces révélations, les déclarations contradictoires abondent. Selon Stunt, toutes les œuvres d’art ont reçu des authentifications officielles du prestigieux Wildenstein Institute en France. Le Wildenstein, quant à lui, dément avoir jamais étudié ces oeuvres. Le vaudeville s’épaissit encore avec la révélation d’envois de courriels potentiellement frauduleux en provenance des bureaux de James Stunt. Ces courriels, attestant de l’authenticité de deux œuvres de Salvador Dalí, ont été envoyés sous le nom et l’adresse de Nicolas Descharnes, le plus grand expert mondial du peintre catalan. Mais ce dernier affirme ne jamais avoir rédigé ces courriels, d’autant qu’il lui a fallu moins de quinze minutes pour établir que les « Dalí » en question étaient des faux grossiers.

De son côté, Tetro affirme que ses œuvres n’ont jamais aspiré à être autre chose que des « reproductions », qui n’ont jamais eu pour objectif de tromper ou de se faire passer pour des originaux. L’artiste insiste d’ailleurs sur le fait qu’aucune de ses copies ne résisterait à un examen professionnel, comme l’avis de Descharnes semble d’ailleurs le confirmer. Par exemple, les pigments modernes utilisés par Tetro se distinguent immédiatement des matériaux plus anciens, la toile se caractérise par sa souplesse… Tetro, qui s’est refusé à tout commentaire pour cet article, maintient que ses travaux n’ont jamais été destinés à dépasser la sphère privée, permettant au mieux à ses clients de tirer un avantage social de ces peintures sans jamais tirer de bénéfices financiers de la tromperie. Lorsqu’il a été avéré que Stunt envisageait la vente d’un Monet anonyme pour alléger ses problèmes d’insolvabilité, Tetro aurait soupçonné un acte criminel et donné l’alerte. Cette décision a peut-être été motivée par les évènements de 1991, lorsqu’il a été chargé de 38 chefs d’accusation de falsification de lithographie et de 29 chefs d’accusation de falsification d’aquarelle.

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Le Louvre à Abu Dhabi, Art Basel à Miami, les tulipes de Jeff Koons à Paris sont autant de manifestations de l’art contemporain comme outil d’influence. Marqueur de puissance, l’art mesure le degré d’émancipation d’un pays, son pouvoir d’attraction et sa place dans le monde. Très largement dominée par les Etats-Unis et, plus largement, le monde occidental depuis le milieu du XXème siècle, la scène artistique s’ouvre peu à peu à de nouvelles puissances, notamment la Chine aux ambitions mondiales déclarées. Etudiant le rôle des différents acteurs, artistes, collectionneurs et musées, Aude de Kerros analyse l’évolution des liens entre arts plastiques et géopolitique, en questionnant notamment la domination du soft power américain et occidental.
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Date de parution 03/10/2019
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Editeur Eyrolles
Format Grand Format
Présentation Broché Nb. de pages 264
pages Poids 0.43 Kg
Dimensions 15,5 cm × 24,0 cm × 1,4 cm
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Achat (ici)

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