Les archives du désastre , 2015
Les archives du désastre
Pierre noire et huile sur papier
40 x 30 cm (encadré)
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« Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L’air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin ! Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. » – Arthur Rimbaud
Ce sont les secousses tragiques des attentats de janvier, des exactions de Boko Haram en Centrafrique, la destruction de la cité de Palmyre, celle des bouddhas de Bâmiyân, l’attentat du musée du Bardo à Alger qui déclenchèrent en mars – avril dernier un besoin de sonder les traces, les archives, les ruines qui constituent l’os de l’histoire. Comment en est-on arrivés là ? Quelle conjonction, quelle suite d’évènements ? L’instant ahurissait la pensée, il me fallait m’en extirper.
Bustes et masques mortuaires, antique Laocoon, Vénus démembrées, temples, satyres, batailles, monuments, bas-reliefs du palais des colonies, athlètes staliniens ou ariens, figures de pierre ou de bronze, tout ce par quoi l’humanité se donnait à lire sa propre histoire, était comme aborder le présent par le redéploiement de la grande temporalité. Réaliser quelque chose comme une psychanalyse de l’histoire humaine ou déployer dans son étendue insondable le masque mortuaire d’une civilisation.
Il me fallait dessiner, comme pour manger l’image, la passer en moi. Voir, je ne sais pas. C’est plus physique que ça. Entrer dans cette résonance sourde qui émanait des archives, caresser le bruissement ou cette tension qui nous traverse depuis loin.
Le vert est venu par-dessus, comme s’appuyer les doigts sur les paupières, restituer cette suspension opaque, cette note tenue qui mange la tête.
Des fragments, pris dans une lumière de crépuscule, comme infiniment distants, présentés comme des documents, des pages constituant un atlas mnémosyne, pour reprendre la terminologie d’Abi Warburg, une archive du désastre.
Jérémy LIRON, février 2016
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