« Il n’est pas besoin de faire preuve de beaucoup de sagacité pour dire que les tableaux de Moscona sont toujours habités. Mais qu’est-ce qui occupe ces espaces ? Qui vit sur ces terres ? Voilà qui est moins évident. Pour ma part, je suggère : pas tout à fait des hommes, pas tout à fait des bêtes, pas tout à fait des choses ; ni un, ni plusieurs ; plutôt un enchevêtrement de lignes (de forces) assumant les diverses configurations d’où surgissent ses figures. Ainsi, chaque personnage est un peu homme, un peu bête, un peu chose ; à la fois un et plusieurs. Masque passager, pli instable et momentané, improbable et confus d’une multiplicité de traits en tension. Jamais de point de départ sans équivoque, jamais une identité cartésienne, claire et distincte. Jamais un individu cuirassé dans ses certitudes. Ainsi ses œuvres inquiètent. En elles s’accomplit de façon portègne (1), la prophétie nietzschéenne : avec Dieu, c’est l’Homme qui meurt. Sergio Moscona dépeint les monstres que nous sommes : nœuds opaques d’instincts, pulsions, représentations et organes, pensées perverses et affects misérables. Je vois dans la figure du monstre l’un des fils conducteurs qui relie ses différents travaux.
Et pourtant dans ses œuvres l’humain n’en finit pas de dépérir. Comment résiste-t-il à son imminente dissolution ? Non plus comme raison pure fièrement auto-revendiquée, mais en tant que caresse. Les bas-fonds sinistres et confus reflètent ça et là une certaine tendresse. Dans leur dérive, ces êtres se soutiennent mutuellement. Ils « sont à plusieurs ». Et cela, non pas malgré leur monstruosité, mais précisément en vertu de cette insuffisance, de cette difformité, de cette porosité, de cette instabilité propre aux monstres qu’ils sont ».
Manuel MAUER
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Né en 1979, Sergio Moscona vit et travaille à Buenos Aires, Argentine.« Mon œuvre se nourrit de faits sociaux, c’est un jeu constant avec ce qui arrive, une interaction qui déplace et retourne les choses avec la seule intention de tenter de s’en approcher à partir d’un point où je puisse, dans la mesure du possible, les comprendre ».
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