Du 18 septembre – 17 octobre 2015
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Grossier mais pas vulgaire, Philippe Vuillemin flirte en finesse avec le volontairement dégueulasse depuis plus de 30 ans. En rejeton des Editions Hara Kiri et digne héritier de Reiser, Vuillemin l’irrévérencieux bouscule les codes de la bienséance pour mieux nous faire prendre conscience de l’absurdité du monde environnant. Du 18 septembre au 17 octobre, l’humour corrosif de ce sale gosse de la bande dessinée décape les cimaises de la galerie Huberty-Breyne de Paris, avec une centaine de dessins exposés pour la première fois. L’Art, l’emploi, la famille, le couple, la religion, l’absurdité, la connerie humaine… rien ne résiste au trait crade et féroce de Vuillemin. Des sales blagues de l’ Echo aux dessins publiés récemment dans Charlie Hebdo , en passant par Hara Kiri , Libération et l’intégralité des éditos du magazine dBD , on se délecte d’un humour aussi brut dans la forme que subtile dans son analyse, à retrouver dès la rentrée !
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Vuillemin, c’est pas de la merde !
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Vuillemin, puisque sa popularité permet d’évincer son prénom, n’en n’est pas à son premier coup. Coup de crayon, coup de poing, coup de maître ! Tellement présenté qu’il semble insensé de le faire à nou – veau. Pourtant, quiconque se penche sur la carrière du dessinateur perçoit vite toute la complexité de cet ”ange noir” de la Bande Dessinée. En proposant cette exposition, la galerie Huberty Breyne permet d’appréhender l’œuvre d’un auteur qui a marqué d’une patte féroce le monde du Neuvième Art.
Grand absent des galeries d’art, Vuillemin n’avait pas exposé depuis 20 ans. Depuis, l’homme a parcouru du chemin et publié des milliers de dessins ! La sélection proposée, du 18 septembre au 17 octobre, offre une entrevue de l’univers qui est le sien. Toutes les périodes qui ont marquées sa carrière y sont représentées. Parmi la centaine d’œuvres dévoilées, on retrouve bien sûr les planches originales et couvertures des Sales Blagues de l’Echo mais également les dessins des débuts parus dans Hara-Kiri. En exclusivité, l’exposition rassemble l’intégralité des éditos publiés dans le magazine mensuel dBD, pour lesquels Vuillemin dresse en lien avec l’actualité un portait féroce de l’Art et de son marché. Le parcours est également ponctué des cinq années de dessins parus dans Libération ainsi que ses toutes dernières collaborations avec Charlie Hebdo .
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Itinéraire d’un enfant rebelle
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Philippe Vuillemin nait le 8 septembre 1958 à Marseille. Enfant, il vagabonde aux côtés de son père inspecteur de la Sacem. Ensemble, ils parcourent le pays, s’arrêtant un moment en Corse puis à Or – léans avant d’atterrir à Paris. Il a 18 ans, « de la paille dans les sabots, des idéaux dans la tête et des boutons sur la gueule » . Commence alors une période de galère. L’homme se cherche. Il aime le rock, se rase le crâne et joue dans un groupe punk. Pour survire, il enchaîne les petits boulots et pique de la nourriture dans les Monoprix. On est bien loin de l’avenir bourgeois auquel aspiraient ses parents.
En 1977, sa rencontre avec Yves Got, coauteur du Baron Noir , marque une étape décisive. Got flaire le caractère et le talent hors norme du jeune dessinateur. Après un premier essai dans L’ Echo des Savanes avec ses Histoires Courtes , Vuillemin entre à Hara Kiri et se lie d’amitié avec Choron.
De 1977 à 1980, il se fait rapidement un nom dans la profession et lorsqu’un journaliste lui demande pourquoi des histoires courtes, Vuillemin répond que cela lui permet d’aller vite sans s’ennuyer. « Tout petit déjà, j’étais blasé » confie-t-il.
En 1980 vient le succès. Vuillemin collabore désormais avec de nombreux magazines, parmi lesquels l’ Hebdo , Zoulou , Grand Café , Zéro etc… Son œuvre est recueillie dans Saine Ardeur , puis un an plus tard dans Sueurs d’Hommes (Editions du Fromage) avant que Frisson de Bonheur soit publié par Albin Michel en 1983.
En 1984, après le succès de Raoul Teigneux contre les Druzes , il reprend en digne héritier les Sales Blagues de l’Echo initiées par Coluche et Reiser. Comme eux, il parle des gens ordinaires mais le coup de crayon est particulièrement rebelle, le message cinglant. L’Echo a bien compris où était le talent de Vuillemin : observation subtile, férocité, efficacité. Le public adore !
« J’aime beaucoup la violence, mais j’aime pas prendre des pains sur la gueule » déclare l’artiste, cigarette à la main, dans une interview pour la Dépêche.
Vuillemin enlumine ensuite les Versets Sataniques de l’Evangile en collaboration avec le professeur Choron. Le titre promet rien qu’à lui un humour encore une fois à la limite de la bienséance. Néanmoins, en 1989, année de sa parution, sœur Térésa reconnaitra le bon goût de l’œuvre en la complétant d’une interview.
Finalement, l’artiste est officiellement reconnu de ses pairs en 1996 en recevant le Grand Prix du Festival d’Angoulême. Le monde bouge et Vuillemin a trouvé sa place dans le Neuvième Art. Encore aujourd’hui, il continue de rédiger ses Sales Blagues de l’ Echo des Savanes , nourrit l’édito du mensuel dBD , dessine pour Libération , Charlie Hebdo , et poursuit aussi sa carrière d’acteur avec un dernier film en 2011.
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Vuillemin, l’humour Vache
« Je ne sais pas ce que c’est qu’un bon principe »
Philippe Vuillemin.
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Vuillemin conjugue dans ses dessins le potache et la pertinence avec brio. « Vuillemin a les traits fins, mais écrit des histoires dégueulasses » , écrivait le journaliste Mathieu Lindon en 1995 dans Libération . Son esprit brillant évince les tabous, dénonce sans pincette, avec un humour qui irrite autant qu’il interroge. Depuis ses premières collaborations pour Hara Kiri à ses récents dessins dans Charlie , l’homme a toujours aimé la provoc et le politiquement incorrect. Il adore par-dessus tout mettre en évidence l’absurde des situations. Ce pourfendeur de la bêtise humaine use et abuse du fait divers pour mieux dénoncer les failles déconnantes du système. Vuillemin dérange et, à ses nombreux détracteurs le qualifiant de vulgaire, il rétorque : « La merde, il faut savoir la manier pour la balancer où ça fait plaisir. Des hommes qui transpirent, qui meurent, qui se marchent sur la gueule, c’est la vie de tous les jours. La vulgarité, c’est quand le Doc de Fun Radio dit bite. »
Si son humour caustique accable autant qu’il dénonce, l’homme questionne pourtant plus qu’il n’affirme. En utilisant la proximité dans ses histoires, il veut piquer au vif son lectorat. Des dessins rapides, efficaces et justes servis par un trait brut et cash, à l’image des histoires qu’il raconte : sans concession. Et son trait qualifié de “Ligne Crade” , en opposition à la ligne frêle, sert à merveil – le la galerie de personnage qu’il représente !
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