Le naturel rejoint le factice et de leur rencontre naît un univers mutant profondément troublant. Telle est la recette subtile de Blaise Drummond. Chez lui, l’iconographie de la nature devient à la fois un sujet d’actualité préoccupant et un thème post-postmoderne malicieux. L’artiste évoque tout à la fois, sans avoir l’air d’y toucher, la nature proprement dite, sa projection dans l’imaginaire sentimental et notre rapport profondément con ! ictuel avec l’environnement, à une époque où même les plus « éco-responsables » d’entre nous doivent batailler contre l’hypocrisie. Il y a une part d’avertissement sévère dans les messages que Drummond ne transmet pas seulement par ses œuvres, mais par sa démarche tout entière. Cela dit, ses installations sont bien trop fragmentaires et facétieuses pour risquer simplement de ressembler à de l’art écologique moralisateur ou déprimant. D’un côté, ses œuvres nous alertent sur les blocages et les idées fausses auxquels se heurtent les e » orts que l’on fait pour venir à bout du singulier désaccord entre l’homme et son milieu naturel. D’un autre côté, l’artiste, habile à jongler avec le rire et les larmes, est aussi un conteur rusé qui prononce imperturbablement une homélie mi-figue, mi-raisin.
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TOWARDS A UNIFIED THEORY OF EVERYTHING [Vers une théorie unitaire du tout] est le titre choisi par Blaise Drummond pour cette nouvelle exposition à la galerie Loevenbruck. Parcourant les grands thèmes de l’architecture et du paysage, il interroge notre rapport au monde, à travers un ensemble d’œuvres inédites réalisées en peintures, sculptures ou des- sins. Pour exemples, dans la peinture Colors for a Large Wall (Caracas) [Couleurs pour un grand mur (Caracas)] (huile et collage sur toile, 190 x 270 cm), Blaise Drummond représente El Paraiso, l’ensemble de logements construit par Carlos Raul Villanueva à Caracas en 1954, et le tableau d’Ellsworth Kelly daté de 1951, qui donne en partie son titre à l’œuvre. La Façade Libre (Live Together in Perfect Health and Happiness [Bonheur et santé éternels] (huile, acrylique et collage sur toile, 162 x 213 cm), situe, elle, la villa Stein dans un paysage inspiré d’une brochure des Témoins de Jéhovah, ramassée par l’artiste sur le trottoir. « Bientôt la # n de toutes les souffrances », annonce-t-elle. Le dyptique Les Bricoleurs (huile, collage et enduit à la craie sur bois, 36 x 46,5 cm (chaque) témoigne des improvisations et ra # stolages qui apparentent l’artiste au bricoleur, justement. « On manipule des objets à l’atelier et on finit par fabriquer quelque chose, explique-t-il. Des paysages peints, des paysages en peinture. Quelques débor- dements. Des incidents et accidents de parcours. Des instants liquides # gés et une collection d’œufs d’oiseaux. » L’exposition rassemblera ces œuvres et d’autres à découvrir, oeuvres qui, suppose Blaise Drummond, s’inscrivent « comme tant de choses, dans l’interstice entre réel et idéal ».
Josef Woodard, Santa Barbara News-Press, 2008. Traduction Jeanne Bouniort.
Galerie Loevenbruck
6, rue Jacques Callot
75006 Paris
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