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Quand le redoutable Daniel Buren attaque en justice le nouvel IHEAP / Par Nicole Esterolle

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Daniel Buren oeuvres / © 2015 Daniel Buren

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Quand le redoutable
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Daniel Buren 
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attaque en justice le nouvel IHEAP
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Par Nicole Esterolle
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Quand le redoutable Buren attaque en justice le nouvel IHEAP qui risque de remettre en question l’idéologie artistique dominante qu’il a contribué à installer…Je vous ai déjà dit que c’était un mec dangereux!

 

http://iheap.fr/8515-cdp/

 

Voici le communiqué de presse de l’ IHEAP (Institut des hautes études en arts plastiques) qui explique l’agression burénienne. Et je vous joins un extrait d’une de mes précédentes chroniques au sujet du « visibilisme procédurier » de notre outilleur visuel national toujours prêt , tel Al Capone, à dégainer son équipe d’avocats :

 

L’artiste Daniel Buren attaque en justice l’Institut des hautes études en arts plastiques (Iheap). L’Iheap reprend le nom et l’intention d’un célèbre institut des années 80, avec l’ambition d’aider les jeunes artistes à remettre en question les valeurs établies et les conventions contemporaines. On ne comprend pas bien les intentions de Monsieur Buren, qui tente de détruire un projet pédagogique et critique proche de ce que lui-même enseignait en son temps en tant que professeur de l’IHEAP.

 

L’attaque illégitime de Monsieur Buren

 

Daniel Buren, né à Boulogne-Billancourt en 1938 et célèbre pour ses colonnes dans la cour du ministère de la Culture, est friand de procès. On se souvient de ceux qui ont entouré la commande publique du Palais-Royal, ou les procès intentés vainement contre les photographes de la place des Terreaux à Lyon, qu’il a décorée de ses fameuses bandes blanches et noires. L’artiste, au travail réputé incisif et engagé, fut l’une des figures importante de la critique institutionnelle, et pourtant il participe aujourd’hui à une institutionnalisation de la critique. Par l’intermédiaire de son avocat, il vient de déposer une plainte au tribunal de grande instance de Paris, accusant l’Iheap de concurrence déloyale et parasitaire (sic) et d’atteinte à la propriété intellectuelle. Il prétend que cet institut, fondé par la Biennale de Paris en 2012 en reprenant le nom et le projet de l’ancien IHEAP, porte ombrage à son modèle disparu. Il cherche aussi à faire valoir qu’il y a une atteinte à la propriété intellectuelle, considérant certainement son ancien employeur comme une œuvre d’art dont il serait l’auteur.

 

L’IHEAP, une école exemplaire de la fin du XXème siècle

 

C’était un beau projet de la Ville de Paris, conduit par Pontus Hulten, co-créateur du Centre Pompidou, qui proposait aux jeunes artistes une alternative à l’École nationale supérieure des beaux-arts, en créant un espace de rencontres et d’échanges avec des acteurs importants de la culture contemporaine. Des intervenants de renom lui ont apporté leur expérience et leurs points de vue, Pierre Bourdieu, Renzo Piano, Jean-François Lyotard, Niki de Saint Phalle, Jean Nouvel, Lawrence Wiener, Daniel Templon, Harald Szeeman, ou encore Giuseppe Panza di Biumo, tandis que des artistes pointus, comme Sarkis ou Daniel Buren, assuraient l’encadrement pédagogique. Peu connue du grand public, cette institution favorisant l’interdisciplinarité et l’oralité est devenue un modèle, à qui on doit la notion aujourd’hui très répandue de post-diplôme. En 1995, après sept années de fonctionnement, l’IHEAP fut contraint, par manque de soutiens financiers, de fermer ses portes, malgré l’intérêt croissant que lui portaient des jeunes artistes du monde entier.

 

Le nouvel Iheap, un projet novateur pour le XXIème siècle

 

En 2012, forte de son histoire, de ses expériences et de ses spécificités, la Biennale de Paris a choisi d’ouvrir un nouvel institut, selon un mode opératoire déjà expérimenté, qui consiste à réactiver des institutions abandonnées, dans un geste qui procède à la fois de l’hommage et du détournement, créant ainsi des structures de contre-pouvoir. Des caractéristiques d’origine, le nouvel Iheap a conservé le nom resté vacant, l’intention de départ, l’idée d’une structure simple, la nécessité de la transversalité et de l’oralité, la dimension internationale. Cependant, avec une nouvelle équipe, un nouveau projet pédagogique et un nouveau programme, l’Iheap d’aujourd’hui marque une rupture nette non seulement avec celui d’origine, mais aussi avec les conventions et les autorités qui régissent l’art actuel et son enseignement. Fondé sur l’expérimentation et le développement de pratiques artistiques « latérales », l’Iheap est un établissement qui tient compte des formes à la fois les plus avancées et les plus accessibles de la pratique de l’art.

 

Des accusations injustes et infondées

 

Que cherche Monsieur Buren en s’en prenant judiciairement à l’Iheap ?

 

On aurait pu penser que celui qui professait dans les années 60 d’infiltrer l’institution pour mieux la critiquer, reconnaisse et défende aujourd’hui un projet qui dérobe des institutions en déshérence pour inventer des organisations nouvelles. Mais Monsieur Buren a choisi la défense d’un territoire qu’il considère comme son pré carré. Pourquoi devant un tribunal ? Il aurait pu utiliser une tribune publique, par exemple, pour regretter que l’Institut ait emprunté le nom de l’IHEAP sans lui demander son avis d’artiste consacré et d’ex-professeur. C’eut été un échange d’idées et d’arguments dans le respect de la liberté d’expression. Au lieu de cela il fait rédiger par ses avocats un dossier de 27 pages alimentant une plainte en vue de pratiquer la censure. Ce dossier s’en prend à une rigueur administrative soi-disant maltraitée, et l’Iheap répondra point par point qu’il n’en est rien. Il considère que des réputations sont bafouées, ce qui ne relève que du sentiment personnel et ombrageux de Monsieur Buren. Enfin, il prétend l’Iheap malhonnête, ce qui est une accusation mensongère et diffamatoire. Monsieur Buren voit une escroquerie dans le fait que son ancienne école rémunérait les artistes alors que l’Iheap d’aujourd’hui leur demande un droit de cursus (page 20 du dossier) : c’est faire peu de cas du fait que l’une était une émanation directe des pouvoirs publics alors que l’autre est une organisation indépendante. Et cela revient à dire que les universités françaises, par exemple, sont des associations de malfaiteurs…

 

On le voit, ce procès risque d’être un énième épisode de la vielle et ennuyeuse querelle des Anciens contre les Modernes, ce qui est définitivement du temps perdu pour les tribunaux de justice, pour les critiques d’art comme pour les artistes. Monsieur Buren sera sûrement un peu seul dans cette affaire.

 

 

Bureau de presse

(Press Office)

Institut des hautes études en arts plastiques (Iheap)

Tel. : 0033 (1) 76 50 07 07

Email : bureau-de-presse@iheap.fr

http://iheap.fr

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Buren , champion du visibilisme procédurier Notons la coïncidence de ces deux événements d’actualité : 1 – Le Monumenta de Buren au Grand Palais, 2- la publication du livre de la sociologue Nathalie Heinich De la visibilité : excellence et singularité en régime médiatique ( Gallimard – 2012)

 

Il convient en effet de considérer cette Monumenta comme produit de cette actuelle tendance qu’on pourrait appeler le « visibilisme », comme célébration de cette idéologie de la communication en soi et pour soi, comme manifestation culminante à haut degré de visibilité, où se rendent tous les forcenés de la visibilitude – (communicants, publicitaires, sponsors, fonctionnaires de l’art, artistes et collectionneurs milliardaires et autres m’as-tu-vu, etc) – autour de Buren et de son « outil visuel ».

 

Il existait déjà en France, il y a une trentaine d’années, un « homme du monde » parisien très connu. Il était invité à tous les événements prestigieux, et sa présence renforçait le prestige de l’événement. Il se donnait à voir, pour que l’on voit mieux la manifestation et les gens autour de lui. Il était déjà un « événement » en soi, un champion de l’ « in –situ », un génie dans la compréhension de l’espace social et physique. Bref, il était une préfiguration de l’actuel « outil visuel » de Buren… C’était un personnage « connu pour être très connu », « célèbre pour sa célébrité » et « notoirement notoire ». Il importait peu dès lors, qu’il fît ou créât quelque chose ou rien … Comme Buren, annoncé partout comme « artiste français universellement reconnu pour sa notoriété internationale », à partir de ce pas grand chose que sont ses bandes verticales, à l’origine de sa renommée intergalactique. Des bandes verticales dont la vertu première est justement de n’avoir aucun contenu artistique, pour en porter au maximum le degré de visibilitude. Un outil de pure visibilité, de type « circulez, y a rien à voir ici, mais regardez plutôt ailleurs ou autour ! ». D’où le succès de cet instrument polyvalent, sorte de clef multiprise ultra-démocratique, qui peut être utilisée partout, par tous et pour tous, et fonctionner comme un sceau qui confère du prestige et de la notoriété à la chose culturelle sur laquelle il est apposé et aux critiques et conseillers artistiques qui en font la louange.

 

La différence toutefois entre notre « homme du monde » et Buren, c’est que le premier, homme cultivé et homme d’esprit, était plutôt affable et conciliant avec son prochain, alors que le second est un redoutable procédurier qui dégaine plus vite que l’ombre de ses parasols quand il s’agit d’attaquer en justice. Parmi ses victimes, on peut citer un critique d’art américain qui avait dit du mal de son expo , il y a une quinzaine d’années , dans le New York Herald Tribune, un éditeur de cartes postales qui en avait édité une représentant l’Hôtel de Ville de Lyon et où l’on apercevait ses rayures verticales dans un coin de l’image, un journaliste qui avait employé le mot « installation » au sujet de ses parasols en plastoc du Grand Palais, alors qu’il les avait bien avertis qu’ils n’avaient pas le droit d’employer ce mot, les fabricants de toile rayée qui font des bandes de 8 ,7 cm alors que cette dimension est une marque déposée par « l’artiste », l’Etat qui tardait à réparer ses colonnes du Palais Royal, la Ville de Lyon qui tarde à réparer ses installations de la place de l’Hôtel de Ville (ça va lui coûter cher, paraît-il) , etc. La moindre « œuvre « de Buren est protégée par un arsenal juridique impressionnant de « droits d’images », et gare au contrevenant… Personne, en fait, est à l’abri de la menace burenienne . Alors faites attention de ne pas regarder de travers telle ou telle burennerie, de ne pas en dire du mal, ou de ne pas laisser votre chien uriner ou aboyer dessus… ou à ne pas la mettre à la poubelle comme cela est arrivé plusieurs fois à des employés au nettoyage de quelques musées.

 

C’est pour cela qu’au sujet de l’œuvre notoirement nulle en plastique coloré du Grand Palais, au sujet de cette monumentale débilité, personne n’en a dit vraiment de mal, à part le philosophe Luc Ferry dans le Figaro… . Ainsi Jean Luc Chalumeau reconnaît-il que l’œuvre est un peu ratée, mais bon, « même les génies peuvent se tromper » dit-il sans aucun humour… Olivier Céna de Télérama, quant à lui, pense que l’échec est de la faute du Grand Palais lui-même et pas de Buren, etc… La plupart des journalistes ont en fait une Sainte Frousse de sa furie procédurière pour la défense et la protection de cette misérable image de bandes verticales qui ne peut pourtant pas être considérée comme véritable proposition picturale . Ces journalistes ne comprennent pas que cet emploi de la menace terrorisante et du procés médiatisé, est inhérent à l’œuvre, pour combler son vide d’art et de sens et lui donner ainsi une sorte de contenu par défaut.

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