Traces d’écriture 3 (2013), encre de Chine sur papier, 22 x 30 pouces
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Guylaine
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Chevarie-Lessard
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Loin des bruits du monde
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L’Aire libre et la Librairie Monet vous proposent le premier volet de cette exposition des oeuvres de l’artiste Guylaine Chevarie-Lessard.
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Vous êtes cordialement invités au vernissage de l’exposition qui aura lieu dès 18h30, le 22 janvier 2015. Nous aurons alors l’occasion de prendre un verre à la santé de cette nouvelle année!
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L’artiste:
Guylaine Chevarie-Lessard a obtenu un baccalauréat de l’université Concordia en arts visuels (2009) au terme duquel on lui a remis le prix Guido Molinari. Elle a également une maîtrise en philosophie (UQAM, 2001) et a une scolarité de doctorat en Études littéraires (UQAM, 2002-2005). Elle est actuellement doctorante au programme d’Études et pratiques des arts de l’UQAM et boursière de CRSH.
Son travail se situe entre le travail de l’écriture et une pratique multidisciplinaire en arts visuels. Elle a participé à l’exposition collective Le livre imaginé à L’aire libre de la Librairie Monet en 2014.
La présente exposition constitue le volet création de son projet de doctorat mariant travail pictural et enregistrement vocal. Cette exposition est présentée simultanément à L’aire libre (22 janvier au 1er mars 2015) et la Galerie Bonheur d’occasion (Montréal), située à la Librairie du même nom (1er au 25 février 2015). Elle expose également à la 5e Biennale de dessins au Musée des Beaux-Arts de Saint-Hilaire (janvier-avril 2015) et à la Galerie Du Parc, Trois-Rivières, en décembre 2015
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Le projet:
D’abord, mon corps s’est mis à danser, puis à redécouvrir à travers la danse un mouvement premier : la marche. J’ai traversé le studio de danse en marchant, chaque fois de plus en plus lentement. Chaque fois, je prenais conscience de mon corps propre et le distinguait du corps objet tel qu’il apparaît dans le monde. J’ai voulu garder une trace de cette expérience et c’est alors que je me suis mise à peindre cette danse sur papier avec mes pinceaux chinois et l’encre de Chine.
Puis, quelques années plus tard, à la campagne, j’ai enregistré ma respiration en marchant de la maison à la rivière. Dans cette trace sonore, j’ai entendu un rythme, un souffle presque obscène. Je me suis installée au bord de la rivière avec mon petit cahier et j’y ai écrit un court texte inspiré par le rythme de ma respiration entendu dans l’enregistrement. L’écriture était très fragmentée : des mots, plutôt que des phrases. Je venais d’écrire mon premier texte du même lieu d’où avaient émergé mes premiers dessins : le lieu du corps. Pour que ce texte puisse rencontrer le son de ma respiration, il devait trouver une voix audible. C’est alors que j’ai enregistré ma voix lisant ce texte, celui-ci devenant une partition.
Pour cette exposition, je suis revenue à l’origine de cette expérience de mon corps porté par une voix audible, mais aussi visible. Comment rendre visible une voix ? En passant par l’écriture ? Avant d’être un moyen de communication, l’écriture est d’abord le geste de la main et du corps en mouvement. Ce corps laisse des traces, des taches et des signes, qui sont d’abord visibles avant de devenir lisibles. Je suis partie des lettres de l’alphabet et j’en ai dégagé de nouveaux signes en réduisant les lettres à des lignes courbes et à des lignes droites. Les signes sont redevenus énigmatiques et picturaux. Je les trace à l’aveugle, me concentrant sur la sensation du mouvement plutôt que sur leur aspect visuel. Mais avant de me fermer les yeux, pour m’aider à entrer dans un état d’acuité physique, j’ai pris l’habitude de tracer des lignes horizontales avec mon pinceau chinois sur des papiers de riz. Cet exercice simple est une forme de méditation qui me permet de me mettre au travail. Ensuite, je place mes grands papiers à plat sur une table. Je prends mes brosses plates et les trempe dans l’eau, mes 2 pinceaux chinois imbibés d’un peu d’encre juste à côté. Je ferme les yeux, touche légèrement le papier avec mes mains, puis me lance et fais une, deux, trois taches. Une fois que toutes les taches sont réalisées et séchées, vient le moment où je trace mes signes. Je prends alors au hasard, les yeux toujours fermés, un des papiers déjà marqués d’une ou plusieurs taches et le place au sol. Toujours sans regarder le papier, je choisis ensuite un bâton au bout duquel est fixé un pinceau que j’enduis d’encre. Je me ferme de nouveau les yeux, puis je trace. Je suis alors dans l’écoute de la sensation intérieure du mouvement qui me fait faire une ligne droite ou une ligne courbe, ces signes énigmatiques. Cette étape clôt le dessin et c’est aussi à ce moment que le dessin réussit ou échoue. Quand le dessin m’étonne par sa composition, par un rapport inattendu entre le ou les signes et l’arrière-fond, les taches, quand ce rapport présente un déséquilibre équilibré, je me dis alors que ce dernier est réussi et qu’il a une voix.
Parallèlement à cette pratique picturale, le travail d’écriture tente de revenir à l’oralité. Le texte commencé au bord de la rivière a trouvé une suite. Ce nouveau récit poétique s’inspire de mon enfance, de mon adolescence et de ma jeune vie d’adulte. La voix cherche à dire d’où elle vient et où elle va, sans jamais totalement y parvenir. Mais surtout, elle cherche à travers sa propre histoire à faire entendre quelque chose qui concerne tout un chacun. Ce récit est à entendre plutôt qu’à lire. Ici, j’ai emprunté la voix d’une autre, celle de Ariane Émond. Paradoxalement, la voix d’une autre me donne la distance nécessaire pour mieux entendre la voix de la narratrice, cette petite musique qui nous chuchote à l’oreille sa précarité. Comme l’enregistrement est d’une durée de 87 min., l’auditeur est invité à venir y écouter un extrait, au hasard. Je fais le pari que la voix peut être entendue dans chaque fragment du récit
La voix est ce que nous avons de plus précieux et qui se perd trop souvent dans les bruits du monde. Entre la trace gestuelle et vocale, une rencontre a lieu. C’est peut-être au sein de cette rencontre que la voix nous conduit hors des dérives de la modernité.
Guylaine Chevarie-Lessard
Pour en savoir plus sur l’artiste, veuillez visiter son site : www.guylainechevarielessard.com
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